Fanny-Louise Senécal, intervenante d’Élixir

SAQ, dépanneurs, épiceries, restaurants, bar et microbrasserie, il ne manque pas de lieux pour se procurer de l’alcool au Québec. Il n’a pas toujours été aussi facile d’acheter des boissons alcoolisées, notamment au début du 20e siècle, alors que l’Amérique du Nord entre dans une période de prohibition. Au Canada, la majorité des provinces adoptent des lois en ce sens, toutefois le Québec se distingue en 1919 en refusant, par un référendum, cette approche visant l’interdiction de consommer de l’alcool. C’est en 1921 que le Québec vote la Loi sur les boissons alcooliques, mettant fin légalement à la prohibition de l’alcool (sauf pour quelques municipalités) et ouvre la voie à la Commission des liqueurs, l’ancêtre de la SAQ. Aujourd’hui, non seulement l’alcool est légal, mais cette substance est commercialisée et rentabilisée par l’État. L’alcool est consommé pour ses effets, mais peut amener différents risques. C’est pour cette raison que nous te suggérons de te questionner sur ta consommation et réduire tes risques!

Pourquoi les gens consomment-ils de l’alcool? Mais pour le plaisir!
L’alcool est une substance qui a un effet dépresseur sur le système nerveux central, c’est-à-dire que le rythme cardiaque diminue, la respiration diminue, on se sent mou, relax, et on peut ressentir une perte progressive d’inhibition. C’est super pour faire la fête, se détendre après une dure semaine ou se faire une soirée entre ami.e.s. Après tout, le plaisir est un besoin essentiel à la santé mentale et physique. La consommation modérée et sécuritaire de substances psychoactives telles que l’alcool, à des fins de plaisir, apporte des bénéfices considérables. Mais attention, la consommation d’alcool peut vite devenir plus utilitaire que plaisante!

Il faut éviter de consommer systématiquement pour oublier ses problèmes et ses peines. C’est un moyen de se changer les idées, mais celui-ci peut se transformer rapidement en dépendance, alors qu’il existe bien d’autres moyens moins risqués pour faire face aux difficultés quotidiennes. Consommer de façon responsable, enthousiaste, libre et éclairé, dans la recherche de plaisir, nous inquiète beaucoup moins que la consommation utilitaire. Quand prendre un (des) verre(s) d’alcool (ou autres substances) est nécessaire pour poursuivre sa journée, s’endormir, faire des liens sociaux, avoir une relation sexuelle, etc. : quand son bonheur personnel est conditionnel à la consommation, celle-ci est utilitaire. Ce type de consommation est problématique et nécessite une prise de conscience ainsi qu’un ajustement afin d’éviter l’un des nombreux risques à la consommation : la dépendance. En effet, la dépendance n’est pas la seule conséquence négative possible associée à cette substance. « Les problèmes d’alcool sont quatre fois plus répandus que les cas de dépendance grave à l’alcool. » Bien que la substance en soi ait des propriétés addictives, la personne qui la consomme peut avoir des comportements à risque tels que la conduite en état d’ébriété, des relations sexuelles non protégées, des mélanges conscients ou non avec d’autres substances, etc.

Plusieurs conduites problématiques peuvent être dangereuses. Notamment, lorsque la consommation n’est pas enthousiaste : on ressent un besoin de consommer plus qu’un désir de le faire. Lorsque la consommation n’est pas libre : une pression des paires est ressentie par la personne. Lorsque la consommation n’est pas éclairée : les paramètres, comme la quantité, la qualité et les mélanges, ne sont pas connus de la personne qui consomme ni les risques associés à sa méthode de consommation et/ou ses facteurs de risque individuel.

Lors de festivités, il n’est pas rare de faire des mélanges. Puisque l’alcool est généralement la substance psychoactive la plus présente lors de ces moments, il est essentiel d’évaluer les risques entre ta consommation d’alcool et les autres substances que tu choisis de consommer. Par exemple, l’alcool mélangé à un autre dépresseur augmente les effets déjà provoqués par l’alcool. On observe un ralentissement du système nerveux central, donc un ralentissement de la respiration, du rythme cardiaque, des réflexes, etc. Ceci amène un plus grand risque de surdose puisque les deux substances amènent notre corps à ralentir. La surdose amène des risques de vomir, d’être déshydraté.e, de tomber dans un coma éthylique et/ou de faire un arrêt cardiorespiratoire. L’alcool mélangé avec un stimulant est aussi très risqué puisque le stimulant amène une fausse impression de sobriété. Celui-ci agit sur notre système nerveux central en augmentant le rythme cardiaque, la température et la respiration, ce qui masque les effets de l’alcool sans l’éliminer. Cette impression d’avoir métabolisé l’alcool peut pousser l’individu à surconsommer et/ou à avoir des comportements à risque, comme la conduite avec facultés affaiblies. La consommation d’alcool et de cocaïne est particulièrement dangereuse, car le mélange produit du cocaéthylène dans le foie, ce qui peut s’avérer mortel. L’alcool mélangé avec un perturbateur a des interactions imprévisibles. Les effets entre l’alcool et les substances ajoutées se combinent et augmentent les risques de badtrip. Il est pertinent de noter que la MDMA, qui est une substance catégorisée perturbatrice, est aussi un stimulant vu la présence de méthamphétamine dans la substance. Nous t’invitons à visiter le site Tripsit afin d’en apprendre davantage sur les mélanges spécifiques entre les substances psychoactives que tu choisis de consommer. 

Lorsque tu choisis de consommer de l’alcool, voici quelques conseils à appliquer : 

Évite de caler ton verre (surtout si c’est de l’alcool fort);
Espace tes consommations pour laisser le temps à celles-ci de faire effet;
Assure-toi de connaître le pourcentage d’alcool dans ta consommation;
Sois conscient.e des combinaisons possibles avec d’autres substances;
N’oublie pas de boire de l’eau et de manger!

Pour t’accompagner dans tes questionnements face à ta consommation, Élixir offre gratuitement à toutes les personnes qui s’identifient en tant que femme des services d’accueil, de référence, jusqu’à trois rencontres individuelles, et une place dans nos activités de milieu de vie. Si tu as des questions sur ta consommation d’alcool, d’autres substances, de tes habitudes de jeux de hasard et d’argent ou de ton utilisation d’écran(s), c’est avec plaisir que nous t’aiderons. N’hésite pas à communiquer avec nous au 819 562-5771 ou au info@elixir.qc.ca.