Les boissons énergisantes

Fanny-Louise Senécal, Intervenante sociale

Elles auraient des bénéfices permettant de dépasser nos capacités physiques et mentales. Ce sont des substances psychoactives faisant partie des stimulants et pourtant, elles se confondent dans les différents breuvages vendus en grandes surfaces, sans indications spécifiques quant aux risques que leur consommation impliquent.

Les boissons énergisantes sont les oubliées des dites “drogues“. On parle de plus en plus des décès associés à la consommation de boissons énergisantes. Elles sont des substances psychoactives normalisées et qui ont de réels impacts sur le corps.

D’autant plus qu’elles sont accessibles aux mineurs, les publicités augmentent l’attrait et participent à des habitudes de consommation risquées. Qu’en est-il des normes de législation dont ces boissons sont tenues de respecter? Alors que l’étiquetage ne donne pas l’entièreté de l’information pour un choix averti, la consommation de cette substance peut mener à une dépendance.

D’abord, il est important de comprendre que les boissons énergisantes (Redbull, Monster, Rockstar…)  font partie de la catégorie des stimulants. Pourtant, elles sont accessibles à tous, étant en vente libre dans différents commerces, tels que les dépanneurs, les épiceries et les pharmacies. Une personne de tout âge peut s’en procurer, malgré les différents risques associés à sa consommation.

Alors qu’elles sont habituellement consommées pour leur goût, leurs effets stimulants, autant physiques que mentaux, ainsi que la hausse de vigilance intellectuelle, d’autres conséquences plus inquiétantes sont associées à cette substance psychoactive. Notamment, les boissons énergisantes auront un effet sur l’humeur, le rythme cardiaque, la concentration, la respiration, le sommeil ainsi que sur la perte d’appétit.

Les personnes qui consomment cette substance risquent ainsi de souffrir d’irritabilité, d’anxiété, de palpitation cardiaque, d’arythmie, de manque de concentration, d’une augmentation du rythme respiratoire ainsi que d’insomnie. D’autres risques sont associés à la prise de cette substance et ils peuvent tous être évalués avec la loi de l’effet.

Par ailleurs, l’incitation à l’achat par les publicités des entreprises de boissons énergisantes sont attrayantes et participent aux habitudes de consommation risquées. Ne pouvant légalement cibler ces publicités aux mineurs, bien que ceux-ci peuvent acheter leurs produits, ce sont plutôt les jeunes adultes à qui elles s’adressent. Proposant des annonces amusantes et qui poussent les limites du réel, elles sont associées à une prise de risque et d’aventure.

Nous parlons plus spécifiquement des publicités qui passent par des canaux moins traditionnels et qui touchent davantage les jeunes adultes, plus précisément en commanditant des vidéos sur Internet montrant une activité sportive extrême qui vont plaire aux amateurs de sensations fortes.

L’impression d’être invincible, l’adrénaline qui découle de l’activité sportive extrême présentée, la capacité physique augmentée; l’idée derrière ces publicités est que rien ne peut arrêter le consommateur de boissons énergisantes. Le sujet prend des risques de plus en plus impressionnants et dépasse les capacités humaines sans avoir l’air épuisé.

Malgré le peu d’études réalisées, il est remarqué que les jeunes peuvent consommer régulièrement cette substance psychoactive, certains plusieurs fois dans la même journée. Alors qu’il s’en vend de moins en moins sur les campus universitaires, il fut un temps où les mélanges de boissons énergisantes et d’alcool étaient très courants lors des festivités sur les campus.

C’est encore une pratique actuelle de consommation qui peut augmenter significativement les risques sur la santé. Le mélange entre les deux substances peut augmenter les risques associés à la déshydratation et plus importants, la boisson énergisante masque les sensations d’ébriété, alors que l’alcool continue de diminuer les facultés. Ainsi, les consommateurs ont tendance à prendre davantage d’alcool sans se rendre compte que leur niveau d’intoxication augmente. Cette pratique, si réalisée de façon fréquente, peut augmenter les chances de développer une dépendance à l’alcool et à la caféine.

Depuis 2012, Santé Canada a établi une législation entourant les boissons énergisantes. Celles-ci doivent obligatoirement respecter les Règlements sur les aliments et drogues. Ainsi, les ingrédients contenus dans la boisson énergisante doivent être inscrits sur le produit, avec une limitation de teneur sur certains ingrédients. Il est également obligatoire d’avoir une mention contre-indiquant la consommation avec de l’alcool et pour les personnes pour qui la caféine est déconseillée (enfants, femmes enceintes ou allaitantes). La teneur totale en caféine doit être inscrite, sachant que la teneur maximale ne doit pas dépasser 180 mg par portion individuelle, ce qui représente plus ou moins un café moyen.

Toutefois, d’autres ingrédients des boissons énergisantes ont aussi des effets stimulants, dont le guarana, une graine qui contient une grande concentration de caféine, voire 3 fois plus que le café. Soulignons aussi d’autres ingrédients ayant un effet stimulant sur le système nerveux central et favorisant une dépendance, tels que le ginseng et le sucre. D’autres ingrédients des boissons énergisantes, tels que la taurine qu’on retrouve en plus grande quantité dans les boissons énergisantes ne représenterait pas de risque sur la santé. Cependant, peu d’études ont été réalisées sur le sujet, dont sur son interaction avec la caféine.

Les différents ingrédients, notamment le guarana, la caféine et le sucre peuvent mener à une dépendance aux boissons énergisantes. Lorsque la consommation de boissons énergisantes est régulière, une accoutumance peut inciter la personne à boire davantage de cette substance pour avoir le même effet. Le sevrage de celle-ci peut amener de la nervosité, de l’irritabilité, de la somnolence, des maux de tête et une humeur dépressive. 

Une substance psychoactive annoncée de façon alléchante, mais qui peut mener à des habitudes risquées, voir une dépendance, par manque de connaissances, de sensibilisation et de législation. Il sera intéressant de voir comment Santé Canada répondra aux enjeux soulevés par la mort de certains jeunes liée à la consommation de boissons énergisantes.


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