La taxe rose et le patriarcat!

Mélinda Carrier-Bernier,  intervenante sociale

Tous les jours, plusieurs personnes vivent de la discrimination à travers le monde et bien souvent ces injustices sont vécues par des femmes. Malheureusement, nous vivons dans une société où la taxe rose est bien présente. Mais qu’est-ce que c’est la taxe rose? La taxe rose est avant tout une inégalité économique vécue par les personnes qui ont des menstruations et les personnes d’expression de genre féminine et est générée par le patriarcat et le capitalisme. Cette taxe se traduit par une grande différence de prix entre les produits d’hygiène masculins et féminins. Tous les produits ayant la couleur rose ou stéréotypée pour la femme sont beaucoup plus chers que ceux qu’on vend de couleur bleue. Par exemple, les rasoirs jetables pour femmes sont environ 10,34$ tandis que ceux jetables pour homme sont environ 9,07$.

Il y a énormément de personnes qui sont touchées par cette problématique, plus particulièrement, celles avec des organes génitaux féminins. Avoir des menstruations ce n’est pas un choix, mais bien une fonction naturelle du corps, les personnes avec un utérus n’ont pas le choix d’utiliser des produits hygiéniques pour éviter certaines infections et de l’inconfort.  Le patriarcat rend les menstruations comme quelque chose de dégoûtant, sale et surtout tabou. Dans certains pays, comme dans l’ouest du Népal, les personnes menstruées sont exilées le temps de leurs règles. Malgré le fait que la majorité de la population ait des menstruations, ce sujet reste tabou.  

Depuis le 1er juillet 2015, il y a eu de l’avancement au niveau de la reconnaissance des besoins essentiels quant aux produits pour les menstruations, car les taxes ont été abolies sur les tampons, les serviettes hygiéniques, les coupes menstruelles et les autres produits essentiels similaires. Malheureusement, plusieurs personnes ne peuvent pas bénéficier de ces produits. Selon le Conseil du statut de la femme du Québec, il a été prouvé par plusieurs études au Québec, que tous les produits genrés au féminin, et ce dès l’âge préscolaire, est plus dispendieux que ceux des garçons : les jeans, les jouets, les rasoirs jetables, les rendez-vous chez le coiffeur et autres, sont des services/objets qui nuisent l’atteinte de l’égalité des sexes. 

La taxe rose crée une grande discrimination et participe à la précarité financière des femmes. Au Québec, certains produits pour hommes sont 13% moins chers que ceux des femmes pour l’équivalent du même produit. Pour augmenter cette discrimination de genre, selon l’Institut de la statistique du Québec (2021), les femmes gagnent environ 2,83 $/h de moins que leurs équivalents masculins, ce qui représente 93,7 % de leur salaire. Donc, puisque les femmes doivent payer la différence de prix avec un salaire moindre, cela influence les moyens monétaires de ces personnes. D’autant plus que le patriarcat engendre aussi une discrimination au niveau des rôles parentaux. Cette idéologie prône le rôle traditionnel de la mère responsable du foyer et des enfants. Ainsi, elles doivent concilier le travail et la famille (aller porter et chercher les enfants à la garderie ou à l’école, faire les repas, donner le bain, etc.) et sacrifier des heures de travail. Non seulement cela engendre une perte monétaire pour la femme, mais aussi une grande charge mentale. Elle perd des possibilités de promotions, de l’expérience professionnelle et est plus à risque de perdre son emploi. La charge mentale n’étant pas reconnue en tant que contribution à la société, elle n’y reçoit aucun bénéfice.

Dans les plus petites municipalités, le manque d’accessibilité aux produits genrés féminins à moindre coût et l’effet de la taxe rose sont d’autant plus présents. Ces enjeux sont encore plus difficiles, puisque souvent les régions éloignées ont moins de services communautaires et moins d’alternatives en termes de choix et de prix. Par exemple, dans les milieux ruraux, il y a très peu de magasins à un dollar et plus, où les produits pour les menstruations sont beaucoup plus abordables. 

Voilà ce que c’est la taxe rose! C’est aussi ça l’inégalité des sexes!

Comme certain.es d’entre vous le savent, sensibiliser la population aux problématiques spécifiques liées à l’usage de substances psychoactives et leurs impacts sur la vie des femmes est l’une des composantes primaires de la mission d’Élixir. Favoriser et participer au développement de la recherche différenciée selon les sexes en matière de substances psychoactives, en fait également partie. Il faut reconnaître que l’état précaire des femmes augmente leurs risques de vivre du stress lié à leurs conditions de vie, qu’elles sont susceptibles d’être médicamentées pour gérer cette anxiété ou de s’automédicamenter ce qui pourrait avoir pour effet de développer une dépendance notamment aux substances mais aussi aux jeux de hasard et d’argent.

Élixir à décider de lutter contre cette discrimination et d’offrir un service pour soutenir les personnes victimes de cette inégalité. Restez à l’affût pour connaître ce merveilleux projet!

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