Consommation en temps de confinement

Fanny-Louise Senécal, Intervenante sociale

Depuis 1 an, nous n’entendons parler que de la COVID-19 et des mesures sanitaires. Ces sujets envahissent notre quotidien, nos pensées, nos réflexes, notre emploi, notre famille, nos cercles sociaux et on n’y voit pas la fin. C’est dur sur le moral. C’est très dur; les gens sont isolés et éloignés. L’angoisse et l’irritation collective augmentent. Le froid, les courtes journées et la dépression saisonnière n’aident pas à l’humeur générale. Tous ces éléments amènent une augmentation de consommation de substances psychoactives (cannabis, alcool, médicaments de prescription, etc.) et des risques reliés à leurs usages.

La principale raison pour laquelle les gens consomment des substances psychoactives est pour le plaisir qu’ils ressentent lors de l’effet de la substance. D’autres raisons expliquent la consommation: l’aspect social, l’automédicamentation, la fuite, etc. Ce qui rend la consommation plus risquée, ce sont les conditions environnementales actuelles qui contribuent au développement d’une dépendance. Des besoins sont créés par la solitude, la colère et l’ennui; ceux-ci sont parfois rapidement répondus par des substances psychoactives. Une réponse rapide et satisfaisante à des problèmes complexes, mais qui n’est pas sans risque. La connaissance de ses limites, de sa santé mentale et physique permet de mieux évaluer ses propres risques de développer une dépendance et/ou d’avoir une expérience désagréable. Ainsi, certaines personnes ont des prédispositions aux dépendances, telles que de l’anxiété, de la dépression ou un historique familial. Également, bien connaître les propriétés de(s) la (les) substances consommé.e.s peut éviter un usage problématique et/ou abusif. Il important de s’informer sur ce que l’on consomme et de se préparer adéquatement pour réduire le plus possible les méfaits de cette consommation. Par exemple, savoir quels sont les impacts de mélanger nos substances? Quelle quantité est recommandée? Combien de temps dure l’effet de cette substance? Etc.

Certaines substances telles que la cigarette, et l’alcool ont davantage d’effets additifs sur le ou la consommateur.trice. En ce sens, la substance, l’individu qui consomme et le contexte apportent tous des facteurs de risque à considérer.  

Il nous est évident qu’en temps de confinement, fermer les SAQ et les SQDC aggraverait le moral pour une grande partie de la population qui utilise ces substances pour gérer leur santé mentale. En ce qui a trait à la SQDC. Sa fermeture pourrait fragiliser les consommateurs au pris avec une dépendance et les amener à consommer des produits de moins bonne qualité et/ou créer une détresse supplémentaire. Malgré les risques, les gens vont continuer de consommer de façon réfléchie ou non. Ils répondent à des besoins selon le meilleur de leur capacité, en ce moment précis. À Élixir, nous ne jugeons pas la consommation de substance psychoactive. Nous proposons toutefois des moyens de réduire les risques, dont le développement d’alternatives à la consommation.

Notre point de vue à Élixir sur le maintien des ventes de la SQDC et de la SAQ est clair. Il est important de garder l’accès à l’alcool pour les personnes dépendantes à cette substance. Ceux-ci peuvent vivre un sevrage important et risquent la mort. Présentement, l’alcool est vendu dans des commerces essentiels tels que les épiceries et les dépanneurs. Certaines personnes sont dépendantes à l’alcool forte qui est disponible à la SAQ. Cependant, de maintenir la SAQ ouverte et de fermer tous les autres services qui offrent à la population un moyen de faire face aux défis de la pandémie est un message malsain qu’envoie le gouvernement. L’idée reçue par plusieurs est de rester seul.e chez soi et de se désennuyer avec l’alcool, puisqu’il n’y a presque pas d’autres services offerts. La déprime et les dépresseurs (catégorie de substance psychoactive dont fait partie l’alcool) ne font pas bon mélange. Notre point n’est pas de fermer les SAQ, mais de développer une alternative pour les personnes qui ne sont pas dépendantes à l’alcool aient des choix sains et évitent de consommer pour combler l’ennuie.

Nous ne vous disons pas dans l’arrêt de la consommation de substances psychoactives. Nous vous invitons plutôt à réfléchir sur votre consommation, à évaluer l’augmentation de celle-ci et les raisons pour lesquelles vous consommez. Dans le contexte actuel, il est probable que votre consommation soit une manière de faire face aux défis du quotidien, à la solitude, à l’ennui et au stress que cause la pandémie. Il y a différents moyens que vous pouvez utiliser comme alternatives saines à ces enjeux. Vous avez besoin de vous désennuyer? Apprenez le langage des signes, un nouvel instrument, plongez dans la lecture, rénovez de vieux meubles! Vous cherchez à vous connecter avec d’autres humains? Entretenez une correspondance, entrez dans des forums, faites-vous des rendez-vous en téléconférence avec des amis et préparez des jeux en ligne. Vous êtes en colère ou angoissé.e? Pratiquez la méditation, la pleine conscience, écoutez un album de musique, commencez un journal sur ce que vous aimez! L’important est de commencer une réflexion et de trouver des solutions qui fonctionnent pour vous.

Vous vous identifiez partiellement ou complètement en tant que femme, vous êtes de l’Estrie et vous vous inquiétez de votre consommation ou celle d’un proche? N’hésitez pas à nous écrire au info@elixir.qc.ca ou Messenger via la page Facebook d’Élixir.

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