J’aime mon écran

Fanny-Louise Senécal, Intervenante sociale

Avez-vous regardé le documentaire Derrière nos écrans de fumée (The Social Dilemma dans sa version originale) sur la plateforme Netflix? Nous vous le suggérons fortement afin de vous aider à réfléchir sur l’utilisation que vous faites de vos réseaux sociaux et des autres activités que vous réalisées en ligne. Parmi les différentes informations contenues dans ce documentaire, plusieurs éléments ressortent et permettent de mieux cibler les raisons pour lesquelles un individu peut, ironiquement, s’isoler en se connectant à ses réseaux sociaux. Il est important de garder en tête que, bien que ce documentaire utilise des faits, il a aussi une approche émotive qui sert à remplir un objectif de sensationnalisme. Toutefois, les inquiétudes soulevées sont réelles, significatives et doivent être creusées. Il nous paraissait alors évident de vous présenter les grandes lignes de ces enjeux et de vous amener à une réflexion sur votre propre utilisation des réseaux sociaux.

Bien que les activités numériques, dont les réseaux sociaux, peuvent être critiquées, ces dernières sont conçues pour apporter du plaisir à l’utilisateur. La personne qui reçoit une validation par un “J’aime”, un commentaire, etc. ressent du plaisir avec la libération de dopamine, surnommée l’hormone du bonheur, dans son cerveau. Cette hormone est notamment relâchée lors de la prise de substances psychoactives. D’autres raisons sont à l’origine du plaisir ressenti à l’utilisation de nos réseaux sociaux : la facilité d’accès à l’information, l’impression de faire partie d’un groupe, l’impression de se détendre et de se déconnecter de notre quotidien qui peut être stressant, etc. De plus, , chaque fois que l’on se connecte, il y a de bonnes chances qu’un contenu nouveau dans nos champs d’intérêt nous soit proposé, ou que l’on ait reçu un “J’aime”, un partage, une invitation, etc. Ces fonctionnalités apportent un renforcement positif qui nous pousse à nous connecter plus souvent afin de ressentir ce plaisir d’avoir une nouveauté ciblée pour soi. Que ces applications soient gratuite rend ce plaisir d’autant plus accessible et facilite l’installation progressive d’une envie irrésistible de se connecter de plus en plus souvent. Avez-vous déjà eu de la difficulté à lâcher votre cellulaire pour aller dormir ou faire une autre activité?

Cependant, l’envers de la médaille laisse un goût amer dans la bouche. Les réseaux sociaux, qui devaient nous détendre, augmentent l’anxiété et la dépression, particulièrement chez les adolescents. Constamment sujet à la critique de leurs pair.e.s et à la cyberintimidation, les jeunes sont confrontés dans leur estime à tout moment du jour et de la nuit. Les apparences virtuelles les portent à croire que toutes les personnes dans leurs réseaux vivent une vie idéale, pleine d’aventures, de plaisirs, de réalisations et d’ami.e.s. Elles les amènent aussi à se juger plus sévèrement sur leur apparence physique, alors qu’ils sont envahis par des critères de beauté photoshopés, filtrés. Nos jeunes sont alors plus susceptibles de développer différents troubles liés à l’estime de soi. Vous êtes-vous déjà senti.e seul.e en regardant les publications de vos ami.e.s?

Il est difficile de contrer l’envie de passer plus de temps sur ses écrans, particulièrement dans un contexte de pandémie mondiale où l’on doit se tourner vers le numérique afin de se divertir, se garder informé et entrer en contact avec sa famille et ses ami.e.s. Alors qu’il est déjà facile de perdre la notion du temps lorsqu’on est sur ses réseaux sociaux, il peut être plus ardu pour certains de cesser leurs activités sur l’écran. Tant physiquement que mentalement, une personne est poussée inconsciemment à porter toute son attention sur son écran plutôt que de réaliser des activités valorisantes. La relation avec le cellulaire ou l’ordinateur prime sur la création ou le maintien de relations avec des personnes hors du monde virtuel. Les réseaux qui devaient nous permettre de décrocher de notre stress quotidien amènent tranquillement, mais sûrement, une détresse psychologique cultivée par notre propre recherche de plaisir et de sécurité. L’impression de contrôle et l’approbation sociale associées aux réseaux sociaux nous poussent à croire que nous ne vivons pas d’effets négatifs liés à leur utilisation. Or, il est généralement de plus en plus difficile de gérer notre consommation d’écran puisque nous sommes conditionné.e.s à le désirer. Avez-vous de la difficulté à passer un moment avec une personne ou un groupe de personnes sans regarder votre cellulaire? 

Plusieurs impacts négatifs sont liés à l’utilisation de l’écran. Il est toutefois indéniable qu’elle apporte également plusieurs points positifs, dont le plaisir au quotidien. Il faut savoir se questionner et évaluer nos risques à développer une cyberdépendance dans un monde où le virtuel est présent partout. Certaines actions peuvent être entreprises afin de régulariser votre utilisation de l’écran. Vous devez en premier lieu déterminer quels sont les aspects positifs liés à vos activités à l’écran et quels sont les aspects négatifs que vous désirez changer. Avez-vous déjà eu à vous autoréguler pour une autre habitude que vous désiriez cesser? Que ce soit pour arrêter de fumer, de manger trop de sucre ou de vous ronger les ongles, vous avez sûrement utilisé des techniques pour vous aider à atteindre vos objectifs. Ces techniques pourraient vous être utiles pour changer vos habitudes d’utilisation de l’écran. Vous pourriez aussi rendre votre appareil physiquement moins accessible afin de vous aider à ne pas y toucher. Il pourrait être dans un tiroir barré de 20h à 7h le lendemain matin, selon vos besoins.  

Vous vous inquiétez de votre utilisation d’écran? N’hésitez pas à nous rejoindre au 819 562-5771 ou au info@elixir.qc.ca . Nous offrons un service d’accompagnement en prévention des dépendances à toute personne qui s’identifie partiellement ou complètement en tant que femme.

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